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La gazette des voyageurs
3 avril 2011

Frenchies in Aussie - First part : l'Outback

 

Salut à tous ! Nous voilà de retour à Sydney, après trois semaines passées sur les routes australiennes. Avant d'entrer dans le vif du sujet, à savoir, les détails de notre road trip,on peut déjà vous dire que sans les kilomètres qui nous sépareraient de vous tous, on hésiterait pas une seconde à s'installer ici !

 

First part : l'Outback, le Red-center

Antoine était déjà venu au pays d’Oz, il y a douze ans ; époque à laquelle il est allé découvrir Ayers Rock avec François, Virginie et Fred. La question s’est donc posée de savoir si nous allions y retourner tous les deux (ie. la destination est quelque peu onéreuse).  Mais visiter l’Australie, sans goûter à l’Outback, c’est un peu comme aller en Thaïlande et ne pas manger de Tom Yum (surtout celui d’Aom) : ça n’a pas d’allure (spéciale dédicace à Pierre, Aom et à ceux qui aiment le Québec). Nous prîmes donc nos billets pour Ayers Rock (Territoire du Nord), direction Uluru (nom aborigène d'Ayers Rock) et le Red-center !

D’aucuns peuvent se demander ce que ce gros caillou peut bien avoir de si spécial… Et bien déjà, ses dimensions : long de 3,6 km, il s’élève à 348 mètres au dessus de la plaine sablonneuse. D’après ce que l’on peut lire, la partie visible d’Uluru ne représenterait qu’un tiers de la formation rocheuse. Je me demandais vraiment l’effet que cet inselberg (« montagne-île ») allait me faire… et bien croyez-moi, quand vous avez survolé des milliers de kilomètres de déserts, plus plats que plats, et que vous voyez soudain surgir, au milieu de nulle part, cet immense rocher aux formes arrondies, flamboyant dans le soleil de la fin du jour, vous ne pouvez être qu’hypnotisés, subjugués. Comme quoi, un caillou peut ne pas laisser indifférent… ;)

Cette arrivée en avion, sous un beau ciel bleu, était une bénédiction, puisqu’il a plut ensuite pendant la majorité du séjour ! Cette précision météorologique a son importance puisqu’une des particularités d’Uluru est de changer de couleur tout au long de la journée, en fonction du soleil. Tout le monde nous dit qu’avoir vu Uluru sous la pluie est absolument unique. Antoine n’est pas de cet avis, parce qu’il y a 12 ans, il pleuvait aussi !

Mais la pluie ne nous a pas gâché notre séjour, loin de là  (même si elle nous a obligés à passer une nuit dans la voiture, pour cause de tente inondée !). Du coup, il ne faisait pas trop chaud (dans les 25°-35° en journée et 20° la nuit) et nous avons pu faire le tour d’Uluru (10km) sans problème (certains en sont morts). On a également randonné dans les Olgas (ou Kata Tjuta), deuxième site de l’Uluru-Kata Tjuta National Park. Kata Tjuta signifie « beaucoup de têtes ». Contrairement à Uluru, il s’agit d’un groupe de 36 rochers (voir photos).

Je pense que le fait que ces deux sites soient sacrés pour les aborigènes (les Anangu), contribue largement à leur attractivité.

Qui dit pluie, dit « waterfalls » (cascades) sur Uluru et les Monts Olgas, et ça, c’est assez fantastique à voir. Les personnes qui vivent là-bas étaient surexcitées à l’idée qu’ils allaient voir des « waterfalls » sur Uluru. Il faut dire que quand il pleut, Uluru a l’air de se couvrir d’une mince pellicule de neige et de longues cascades se forment le long de la roche rouge.

Grand moment: nous étions en train de randonner dans la Walpa Gorge Walk (Kata Tjuta) quand soudain, il se met à pleuvoir des cordes. Nous nous retrouvons trempés jusqu’aux os, en l’espace de quelques secondes. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, les parois des deux rochers qui nous entourent se couvrent tout à coup de dizaines de cascades… Vraiment impressionnant. Superbe.

Le désert autour d’Uluru -dont le sable est rouge-orange- en plein cœur de l’Australie,  n’a pas l’air si hostile. Alors, certes, cette impression est peut-être due au fait qu’il ne faisait pas 60°, mais ce que je veux dire, c’est qu’il est recouvert d’une belle végétation. Buissons en fleurs, arbres, herbe verte fluo aux pieds d’Uluru… C’est vraiment beau. Par contre, pas un kangourou ! Heureusement que nous nous sommes rattrapés après. A défaut de kangoos, nous avons aperçu de superbes chameaux sauvages dans le désert. On a appris, depuis, qu’au siècle dernier, les australiens ont importé pas mal des chameaux d’Afghanistan pour les aider dans la construction d'une ligne télégraphique à travers le pays.

Yulara, le « village » de l’Uluru-Kata Tjuta National Park. Il faut visualiser la chose. Ayers rock est situé au milieu de nulle part, en plein désert. La ville la plus proche, Alice Springs, est à 460 km. Ce « village » - l’Ayers Rock  Resort – est composé de 5 hôtels, d’un camping, d’un IGA (supermarché), d’un café, de quelques restaurants et boutiques de souvenirs. Il a été créé de toutes pièces, dans les années 80, pour accueillir les touristes. Si tu veux pouvoir randonner un peu autour d’Uluru et des Olgas, tu es obligé de passer par Yulara. Ils ont tout pensé : une navette gratuite vient te prendre à l’aéroport et te dépose à l’hôtel de ton choix (chers), ou au camping, situés autour d’une route qui forme une petite boucle. Des navettes gratuites, toujours, font le tour de cette boucle, plusieurs fois par jour, pour déposer les paresseux « au centre », puis à leur hôtel (cela représente une balade d’environ 10 minutes). Des bus touristiques (chers) peuvent te déposer aux pieds d'Uluru  (20 kms) ou des Monts Olgas (56 kms), t'emmener à Alice Springs (très cher), etc. Conclusion : le meilleur moyen de ne pas se ruiner ici est de venir avec sa propre voiture, ou encore mieux, son van ou camping-car.

Yulara est un lieu vraiment étrange. Il est écrit dans le Lonely que 2080 personnes vivent à Yulara. En fait, ce chiffre comprend les aborigènes qui vivent dans les communautés aux alentours et les quelques personnes qui y travaillent. On a discuté avec un gars qui bossait dans une boutique « au centre » et il nous a expliqué le fonctionnement de cet étrange village, sorte d’Eurodisney sans charme et sans Mickey, perdu au milieu du désert. Ils ont tellement de mal à trouver de la main d’œuvre, que les salaires à Yulara sont multipliés par je ne sais combien par rapport au reste du pays. En même temps, qui voudrait venir s’enterrer au milieu de nulle part, dans un complexe touristique plutôt moche, avec rien aux alentours, si ce n’est Uluru et les Olgas… des kms et des kms de désert, un seul café, les mêmes produits alimentaires dans l’unique supermarché… ? Et bien, pour la plupart, des jeunes, qui veulent mettre de l'argent de côté. Ils viennent là 2 mois, 6 mois, les plus costauds, 1 an. Ils mettent beaucoup d’argent de côté, et ils repartent. Ici, ils ont un excellent salaire (je devais être bien moins payée que les caissières de l’IGA), ils sont nourris, blanchis et logés, aux frais de la princesse. Avis aux amateurs.

Il faut aussi qu'on vous raconte la rencontre avec Amélie et Julien. Incroyable. Un soir de pluie, alors que nous écoutions LE chanteur DU bar de Yulara, en sirotant nos Pure Blonde, nous entendons soudain « Antoine ? ». On tourne la tête et « Ohh ! Amélie ! », une copine d’IUP d’Antoine ! Il faut le faire non ? Au même endroit, au même moment… Du coup, soirée très sympa avec Amélie, Julien et ses parents [rock endiablé avec un cowboy australien passablement saoûl ; ]. D’ailleurs Chacha et Vic : Julien (Boni) a combattu avec Vic ! Isn’t it funy ? Le monde est un village… ;)

Un regret : la frustration de ne pas avoir pu aller à la rencontre des aborigènes, pour découvrir leur culture. Nous avons rencontré quelques personnes aborigènes, au centre culturel du parc national, en train de peindre. J’ai eu un échange sympathique avec Millie, une femme d’une quarantaine d’années, qui m’a expliqué les symboles qu’elle peignait sur sa toile. Nous en avons également croisées à côté du supermarché de Yulara, en train de manger, assis sur le trottoir. Mais ces dernières n’étaient pas vraiment engageantes. J’aurais aimé pouvoir aller dans différents communautés… Peut-être qu’avec un 4x4 et plus de temps, une prochaine fois…

Et puis, il y eu Alice Springs, que nous avons rejointe en voiture. Alice Springs représente un sacré paquet de nœuds et surtout, un énorme challenge, pour le Gouvernement Australien (qui semble pour l’instant dans l’impasse). Il faudrait des pages pour aborder le sujet, mais pour résumer grossièrement, Alice Springs abrite aujourd’hui deux cultures, deux mondes, radicalement différents, qui se côtoient, sans se côtoyer, sans se comprendre et sans se parler. Dans la ville (où le taux de criminalité est élevé et en hausse), on peut voir de très nombreux aborigènes assis dans l’herbe, sous les arbres, dans le lit de la rivière, sur les trottoirs … Beaucoup vont, viennent, traînent. L’immense majorité d’entre eux ne travaillent pas. Un grand nombre boit, beaucoup. Beaucoup viennent des communautés extérieures pour acheter de l’alcool dans les Bottles Shop, avant de repartir dans leur communauté. D’autres restent en ville. C’est un gros sujet ici, très lourd. On peut lire beaucoup d’articles de journaux qui expliquent que les jeunes aborigènes d’aujourd’hui ne sont plus intéressés par rien, ne veulent pas apprendre la peinture traditionnelle, n’aspirent qu’à une chose : se soûler (témoignage d’un peintre aborigène connu). C’est extrêmement triste. D’après les personnes avec quinous en avons parlé, énormément d’aborigènes souffrent de diabète, de diverses carences, de surdité, d’infections, etc. Beaucoup d’adultes sont aujourd’hui alcooliques. Les jeunes boivent de plus en plus tôt. Très peu ont un emploi. Depuis quelques dizaines d’années, ils touchent un « chômage », qu’ils dépensent pour la plupart dans l’alcool…  Cette situation doit évidemment être rapportée à la tragique histoire de leur peuple. Ce n’est ni le lieu ni le moment de faire de la polémique, alors je m’arrête là. Mais ce qui est sûre, c’est qu’Alice Springs pose beaucoup de questions …

Je finis sur une note plus gaie en citant mon mari, qui a dit, à propos des milliards de mouches domiciliées dans l’Uluru-Kata Tjuta National Park : « Sartre avait tord, l’enfer, c’est les mouches ».

 

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Commentaires
T
Thanks for the postcard... and for posting on your blog on my birthday !<br /> <br /> Nous allons tous bien, nous vous suivons de loin en loin. Adorons la sagesse de Nano. Pensons bien à vous.<br /> <br /> EMS
L
Superbe récit, thx for sharing !
L
Merci pour ces longues descriptions ! Moi aussi je veux voir l'Ayers Rock :( (mais bon, j'ai un mini rocher chez moi du coup...)<br /> <br /> Et j'apprécie la référence à la Belle Province.<br /> Le clou étant évidemment la transformation d'Antoine en grand philosophe existentialiste...<br /> bisous à vous deux
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